Le Pourquoi du comment ( le best of)

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Le Pourquoi du comment ( le best of)

Auteur : Daniel Lacotte

Editeur : Albin Michel

  • ISBN-10: 2226248471
  • ISBN-13: 978-2226248473

Présentation de l’éditeur :

Une sélection des meilleures questions traitées dans la série des Pourquoi du comment.

Daniel Lacotte apporte des réponses insolites, drôles ou déconcertantes, à des questions que chacun peut se poser :

Combien de grains contient une poignée de sable ?
Pourquoi sert-on les glaces dans des cornets ?
Comment les poissons font-ils pour dormir ?
Combien pèse un nuage ?
À qui James Bond doit-il son célèbre patronyme ?

En s’appuyant sur une démarche scientifique et historique indiscutable, il donne un éclairage ludique et rigoureux aux multiples aspects de la connaissance.
Exemple : Pourquoi habille-t-on les garçons en bleu et les filles en rose ?

Il faut bien avouer que rien ne ressemble davantage à un nourrisson… qu’un autre nourrisson. La logique pourrait donc nous laisser penser qu’il fut tout naturel de distinguer fille et garçon en attribuant à chacun une couleur de vêtements particulière. Mais derrière cette louable intention, a priori évidente, se cache de curieuses considérations.
En effet, rien ne permet d’affirmer que les deux couleurs devaient d’abord faciliter la reconnaissance du sexe du bébé. Avec, par exemple, l’intention sous-jacente d’éviter au visiteur la sempiternelle question en se penchant au-dessus du berceau : «C’est une fille ou un garçon ?» En réalité, les parents habillèrent leurs fils de bleu pour des raisons bien différentes.
Dans la tradition populaire, le bleu a la réputation de chasser diable, démons, esprits malveillants, sorciers et maladies. Symbole de l’azur, de la voûte céleste et du paradis, le bleu dédié à l’éternité véhicule le pouvoir de repousser les forces du mal. La présence de décorations à base de bleu est d’ailleurs déjà très fréquente dans les nécropoles de l’Antiquité égyptienne (murs et coiffures des défunts).
Emblème de loyauté, de fidélité, de pureté, mais aussi de sagesse et de fermeté, le bleu place donc sous une bonne étoile ceux qui portent des vêtements de cette couleur chargée de moult vertus bienfaitrices.
Ces croyances superstitieuses, qui s’amplifièrent continuellement tout au long du Moyen Âge, incitèrent les parents à habiller leurs fils de bleu. Non pour les distinguer des filles, mais avec pour objectif fondamental de les protéger de Lucifer et de ses serviteurs. Abandonnant ainsi les demoiselles à leur triste destin. Autrement dit, la croyance populaire mettait toutes les chances du côté des garçons et laissait les filles se débrouiller face à Satan et à ses suppôts !
Mais comme les garçons bénéficiaient d’une couleur spécifique, les parents se sentirent peut-être coupables de ne pas en attribuer une aux filles. Aussi décrochèrent-elles bientôt les faveurs du rose. Symbole de l’amour et de la sagesse divine, mais aussi emblème de la tendresse, de la jeunesse et du bonheur, le rose ne manque finalement pas de qualités !
Il convient cependant de souligner que le bleu ne gagne ses lettres de noblesse qu’à partir du XIIe siècle. En effet, la couleur pourpre dominait la culture de l’Empire romain. Au point de devenir color officialis, synonyme de pouvoir. En fait, les Romains considéraient alors le bleu comme une couleur barbare. Tout simplement parce que les guerriers celtes se peignaient le corps de bleu foncé, ce qui les rendait plus effrayants lorsqu’il fallait les affronter. L’historien latin Tacite (55-120) évoque d’ailleurs ces redoutables «armées de spectres».
Le bleu s’imposera donc progressivement, notamment dans l’art religieux (petit à petit, sculptures polychromes et tableaux représentent la Vierge habillée de bleu). Dans les cours d’Europe, la couleur gagnera lentement le coeur des souverains, le plus souvent aux dépens de la puissance symbolique du rouge. Et, à la fin du Moyen Âge, le bleu aura acquis un véritable statut de couleur royale et princière.
Nul doute que cette promotion sociale de l’indigo ait également joué son rôle dans le choix d’une couleur destinée à «distinguer» un garçon. Pour les parents, le fils porteur de l’héritage prenait soudain ses galons de roi de la maisonnée. D’autant que le bleu évoquait à la fois chrétienté et pouvoir «politique» (c’est-à-dire puissance spirituelle et matérielle). En ajoutant une bonne dose de superstition propre à conférer à la couleur le pouvoir de chasser les démons, on comprend aisément qu’aucun adversaire ne put résister aux arguments fracassants de la layette bleue !

 

Un ensemble aussi divertissant qu’instructif !

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